Brest, le 5 juin



Voici les quelques mots prononcés par Jacques Garnier lors de la journée d’étude de l’Ecole Psychanalytique de Bretagne le5 juin à Brest

Les diverses prises de parole ont au cours de cette journée été émaillées de références à ses enseignements

 

MARCEL CZERMAK

 

Chers amis, Mesdames messieurs, Monique, notre présidente, vient de vous faire part du décès de Marcel CZERMAK survenu le 2 juin.

Marcel fut un ami personnel et un ami de l’École Psychanalytique de Bretagne. Il fut un grand clinicien proche de J. Lacan, soucieux de ne pas opposer la psychanalyse et la psychiatrie et de les faire s’enrichir mutuellement. Il tira profit de son enseignement de son maître en particulier des présentations de malades que ce dernier conduisit à l’hôpital Henri Roussel dans le service de Marcel CZERMAK

 

Il contribua largement par son sens clinique mais aussi par son travail, à clarifier l’approche des psychoses et à en produire des élaborations particulièrement fécondes. Vous en trouverez trace dans les compte-rendu de ses séminaires et dans ses articles et ses ouvrages.

En 2015, Il fut sans doute le seul à Paris à bien connaitre l’histoire et les avatars de l’École Psychanalytique de Bretagne. Je dis le seul car lors de la crise que connut notre école, il a pris soin de prendre connaissance de tous les textes, de tout le courrier avant de nous renouveler sa confiance et sa collaboration. Il regretta que ce ne fut pas le cas de tous les autres.

 

Il n’est pas temps aujourd’hui de faire l’éloge funèbre de Marcel je ne suis pas sûr qu’il eut apprécié.il n’avait pas d’appétence pour ce genre d’exercice pour les phénomènes convenus, les pratiques de cour, et les renvois d’ascenseurs. Mais il avait soin de respecter l’autre, il défendait la politesse, la reconnaissance et le travail. Il aimait les histoires de vie, les rencontres, l’humour et le mot d’esprit. Mais comme il savait le faire à la disparition de ses maîtres et compagnons de route, c’est une joie et un devoir que de lui rendre hommage.

 

Il pensait que la formation des analystes s’effectuait plus dans le cadre d’un compagnonnage que dans celui des grands-messes et des courbettes. C’est de cette façon qu’il enseignait.

Nous l’aimions pour sa simplicité, pour sa gentillesse, pour son attention et aussi pour sa rugosité et son côté brut de décoffrage qui voisinait avec un raffinement dont le style de ses écrits témoigne.

 

Si vous alliez sur internet vous auriez vu qu’il ne donnait pas du côté de la pub, du côté du « c’est moi » il était conformément à l’enseignement de Lacan du coté du surgissement, du remaniement, du côté de la parole pleine dont nous reparlerons sans doute aujourd’hui.

Et c’est ainsi qu’il dialoguait avec ses patients et qu’il le faisait lors des présentations de malades.

Cette journée lui est dédiée. Il comptait beaucoup sur notre travail même s’il regrettait la tournure que prend la formation des psychiatres et celle des psychologues dont il regrettait qu’ils ne consentent pas à consacrer plus de temps à une formation ; mais il se réjouissait à chaque fois que nous faisions preuve de vitalité.